Violence

Elle évoque d’abord les coups, les cris, la guerre, les corps à terre.
Mais celle qui m’habite le plus est moins spectaculaire.
Plus intime.
Presque silencieuse.
C’est une violence qui ne fait pas de bruit.
Celle qu’on retourne contre soi.
Pas de poing levé, mais des injonctions sourdes.
Pas de sang, mais des fissures profondes.
Je me souviens de cette casserole, lancée au sol un soir de dispute avec mon père.
Elle s’est cabossée, mais elle est toujours là.
Silencieuse.
Témoin d’un moment de débordement.
Et d’un chemin parcouru.
Mais il y a eu pire que ce jet de colère.
Il y a eu cette période où je ne savais plus qui j’étais.
Ni homme, ni femme, ou peut-être les deux.
Je tentais de me définir par l’extérieur.
Talons. Vêtements. Postures.
Comme pour combler un vide intérieur.
Je me faisais violence chaque fois que je jouais un rôle,
que j’endossais un masque,
alors que mon vrai visage, lui, restait tapi dans l’ombre,
attendant que je me reconnaisse enfin.
Et puis, il y a les mots.
Ceux qui ne frappent pas mais blessent.
Ceux qu’on lance à d’autres… ou à soi-même.
Une remarque. Un silence. Un regard chargé.
C’est aussi ça, la violence.
Et elle ne se soigne pas avec des pansements.
Alors je choisis aujourd’hui la douceur.
La mienne. Celle que je tends aux autres.
Parce que toute critique qu’on projette,
c’est souvent une guerre intérieure qu’on n’ose pas regarder.

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