Nourriture

Aujourd’hui, j’ai envie de parler de nourriture.
Pas juste de ce qu’on met dans l’assiette.
Mais de ce que ce mot soulève. De ce qu’il remue dans le corps, dans la tête, dans l’âme.

Ces derniers temps, j’ai lancé une petite série de vidéos de cuisine, un peu sur un coup de tête, sur une chaîne secondaire. Rien de sérieux, rien de millimétré. Juste moi, chez moi, dans ma cuisine. Et à force de filmer, une chose m’a sauté aux yeux : sur Internet, la cuisine est partout. Des plats gastronomiques léchés, des recettes de grand-mère, du street food, du vegan pensé pour Instagram. C’est foisonnant, souvent très bien fait… peut-être trop bien fait.
Tout est lisse. Tout est propre. Tout est cadré.

Et pourtant, quand on cuisine vraiment, chez soi, il y a de la vie.
Un ingrédient tombe, on le ramasse. On se trompe, on recommence.
Mais ça, on ne le montre pas.
On coupe. On corrige. On efface l’erreur. Comme si l’imperfection n’avait pas sa place dans la recette.

Moi, j’ai envie d’un autre rapport à la cuisine.
Quelque chose de plus libre, plus brut.
Je veux pouvoir me tromper, improviser, sortir du cadre.
Je veux cuisiner sans chichi, sans performance, sans chercher à séduire.
Juste… cuisiner.

Et derrière cette démarche, il y a une vérité que je n’ai pas toujours osé dire :
Je n’aime pas manger.

Dit comme ça, c’est fort.
Mais c’est vrai.

Manger, boire, dormir… ce sont des besoins primaires, vitaux.
On ne peut pas y échapper.
Et moi, tout ce que je ne peux pas contrôler, ça m’énerve.
Si je pouvais vivre sans manger, je le ferais. Sincèrement.

Pendant longtemps, j’ai vécu la nourriture comme un fardeau.
Une perte de temps. Une contrainte quotidienne.
Et puis un jour — surtout après une période difficile où je n’avais plus rien à mettre dans mon assiette — mon rapport à la nourriture a changé.
J’ai commencé à écouter.
Mon corps.
Mes besoins réels.
Ma vérité.

Aujourd’hui, je mange un seul repas par jour.
Pas pour suivre une tendance. Pas pour me donner un genre spirituel.
Mais parce que ça me va. Parce que j’ai appris à me respecter autrement.

Et tu sais quoi ?
Quand on mange moins… on redécouvre le goût.
On choisit des produits simples. On savoure.
On respecte ce qu’on met dans son corps, et par là-même, on se respecte soi.

Parfois, ça m’arrive d’acheter un sandwich tout prêt dans un petit magasin, un de ces trucs bien industriels, emballés, froids, impersonnels.
Et tu sais quoi ? Je le sens tout de suite après.
Mon corps tire la sonnette d’alarme : fatigue, lourdeur, plus d’énergie.
Je suis obligé d’aller dormir, alors que j’ai juste mangé un petit sandwich.
Deux jours de suite que je fais ça — par flemme, par manque de temps — et boum, je le paye direct.

C’est fou de voir à quel point mon rapport à la nourriture a changé.
À quel point mon corps rejette ce qui est vide, industriel, sans âme.
C’est pas une règle générale. Je donne pas de leçon.
C’est juste… moi. Mon vécu.

Et j’apprends à écouter ça.

Parce qu’au fond, ce que je cherche, c’est pas la perfection.
C’est pas d’impressionner.
Ce que je cherche, c’est l’essentiel.
La sincérité.
Une relation plus juste à mon corps, à mon temps, à ce que je consomme.

Mes vidéos de cuisine sont à l’arrache.
Parfois tendres, parfois bizarres, parfois totalement à côté.
Mais elles sont vraies.
Elles me ressemblent.
Pas la version professionnelle, carrée, structurée qu’on connaît de moi.
L’autre. Celle qui respire un peu à côté. Celle qui n’a rien à prouver.

Et ce que je trouve étrange, dans tout ça, c’est qu’on ait fait de la nourriture un business.
Qu’on puisse vendre des recettes, des régimes, des “plaisirs” sur mesure.
Qu’on gagne de l’argent sur des besoins vitaux.
L’eau, le sommeil, la nourriture…
Tout ce qui devrait être sacré est devenu produit.

Mais bon… ça, c’est un autre sujet.

Aujourd’hui, c’était le mot du jour : nourriture.

Et toi, si je te dis ce mot-là…
Qu’est-ce qu’il réveille chez toi ?
Quelle place ça prend dans ta vie ?
Tu te nourris de quoi, au fond ?

Merci de m’avoir lu.
Et bon appétit… bien sûr.

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