Culpabilité

 

La culpabilité est une faille silencieuse. Elle surgit là où le cœur n’ose pas pleurer, là où le regard des autres devient un miroir qu’on ne reconnaît pas.

Ce jour-là, à l’enterrement de mon grand-père, mes yeux sont restés secs. Pas une larme.
Pourtant, j’étais triste. Mais cette tristesse ne se voyait pas. Elle restait en dedans, figée quelque part entre le silence et la pudeur.

Trois regards ont croisé le mien. Des regards d’incompréhension. De jugement peut-être. Et depuis ce jour, quelque chose en moi s’est mis à douter : Suis-je normal ? Suis-je humain si je ne montre pas ma peine ?

Un an avant sa mort, mes grands-parents m’avaient offert un abricotier. Après l’enterrement, j’ai cessé de l’arroser. Pas par oubli conscient. Mais parce que la vie m’a repris trop vite.

L’arbre est mort.

Et avec lui, peut-être, une part de moi qui cherchait une punition. Un moyen de se dire : tu n’as pas pleuré, alors regarde ce que tu laisses mourir.

Je ne sais pas si je dois culpabiliser pour cela.
Mais je sais que trop de culpabilité ronge. Elle nous pousse à porter des masques, à chercher la norme, à s’oublier.

Et pourtant, elle n’est pas toujours négative. Elle peut, parfois, être un sursaut d’âme. Une lucidité. Un rappel que l’erreur existe, mais que l’on peut changer.

Le tout est de ne pas en faire une prison.

Nous sommes humains. Et cela implique parfois de ne pas ressentir comme les autres. De ne pas réagir “comme il faut”.

Mais qui écrit les règles ?

Et vous… contre quoi vous punissez-vous encore aujourd’hui, sans même vous en rendre compte ?

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